Débats clés en écologie et action publique environnementale (au sein du MS PPSE)
Publié le 20 octobre 2023Descriptif
Les politiques de protection de la nature, ou de la biodiversité, reposent sur une mobilisation intense des scientifiques – au double sens que les scientifiques se sont beaucoup mobilisé.es pour influencer les politiques publiques et que les pouvoirs publics les ont en retour beaucoup mobilisé.es à l’appui de leur action.
Les travaux de Pierre Lascoumes ont ainsi mis en évidence que la critique de la raison technique par les mouvements écologistes des années 1970 a évolué dans les années 1980 vers la constitution d’un gouvernement rationnel du vivant qui s’appuie fortement sur le rôle des expert.es et des technicien.nes pour construire ses politiques publiques environnementales, entérinant la relation étroite qui lie l’administration à la connaissance scientifique et technique. Patrick Blandin décrit dans son ouvrage de 2009 « De la protection de la nature à la conservation de la biodiversité » l’histoire de ces politiques du point de vue d’un scientifique. Il souligne dans cet ouvrage l’implication des chercheur.es, notamment celles et ceux du Muséum national d’Histoire naturelle, dans la mise à l’agenda de la conservation de
la nature et dans la définition de certaines politiques, parfois via leur implication dans des organisations non gouvernementales, telles de l’UICN.
Ainsi, les sphères de la science, de la politique et de l’action sont extrêmement poreuses et interdépendantes. Depuis les années 1970, la sociologie des sciences explore ces relations au-delà d’un modèle technocratique de la décision publique où celle-ci serait principalement informée par la connaissance. Elle analyse les enjeux politiques de la production des savoirs, les processus d’inclusion ou d’exclusion liés au modèle technocratique, que Foucault a développé sous l’assemblage « savoir-pouvoir ».
Réfléchir aux questions suivantes :
- Quel est le lien entre l’amélioration des connaissances et l’efficacité environnementale de l’action publique ?
- Comment les connaissances en écologie et les concepts scientifiques sont-ils mobilisés de manière stratégique par les acteurs de l’action publique ?
- Comment l’évolution de certains concepts de la sphère de l’action influence-t-elle les scientifiques et leurs travaux ?
- Comment les scientifiques se positionnent-ils dans la sphère de l’action publique ?
Mieux comprendre l’évolution des idées et les débats, à l’interface entre écologie et action publique pour mieux décoder les enjeux de la gestion environnementale.
Ingénieurs et cadres des services centraux et déconcentrés du MASA et du MTE et de leurs établissements publics. Ingénieurs et cadres des collectivités territoriales.
Cadres de bureaux d’études, intervenant dans l’animation de dispositifs de concertation, la médiation et la mise en œuvre de politiques environnementales et d’associations environnementales.
Module de Mastère Spécialisé «Politiques publiques et stratégies pour l’environnement» ouvert aux auditeurs en formation continue.
Le public sera mixte : professionnels, étudiants et doctorants.
Pré-requis
Aucun
Nombre de places
5
Ce module est organisé en trois séquences :
1. Un cours général construit autour de la question suivante : « Comment connaissance et action publique fonctionnent-elles ensemble ? »
Deux séances de cours de 3 heures où sont abordées les notions d’interface science-société, la sociologie des sciences, les enjeux de l’expertise, les enjeux des indicateurs.
2. Deux cours thématiques :
- Le premier est construit autour de la question suivante : « Entre gestion des milieux et non-intervention : quelles actions pour conserver et restaurer la nature ? »
- Le second autour du thème : place de l’écologie dans la séquence Eviter, réduire, compenser.
Et un débat avec un intervenant (courte présentation suivie d’une discussion avec les auditeurs)
3. Des travaux dirigés (TD) construits autour de l’étude, par groupe, d’un dossier environnemental et d’une problématique écologique :
- Deux séances de TD où les auditeurs seront amenés à faire l’état du débat scientifique, du statut du problème dans l’espace public et de son niveau de prise en charge dans l’action publique.
- Une séance de restitution (qui servira à l’évaluation du module) : 45 mn par groupe (20 mn d’exposé et 25 mn de discussion).
Une séance conclusive, construite autour de la séquence « Éviter, Réduire, Compenser », donnera également lieu à une discussion conclusive de l’ensemble du module.
Méthode pédagogique
Organisation d’exposés illustrés par des exemples concrets entrecoupés et suivis d’échanges entre conférenciers et participants.
Modalités d’évaluation
Les stagiaires évalueront la qualité de la formation à l’issue de la session au moyen d’un formulaire et participeront à une évaluation orale animée par le responsable de la formation.
Il n’y a pas d’évaluation des compétences à acquérir prévue pour le moment.
Intervenants pressentis
AgroParisTech
- Caractériser les points de débats éthiques et sociétaux qui traversent le champ de l’écologie
- Appréhender la porosité et l’interdépendance entre les sphères scientifiques et politiques
- Identifier l’influence des controverses scientifiques sur l’action publique environnementale
- Décoder les enjeux de la gestion environnementale